Organisation Non Gouvernementale ayant Statut spécial à l’ECOSOC aux Nations Unies, membre observateur à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) de l’Union Africaine
COMMUNIQUE DE PRESSE
Niger : Signes d’emballement politique et risque de chaos institutionnel
A la suite de son arrestation par la Police Judiciaire, ce 10 Août 2009, vers 6 heures du matin, Marou Amadou, Président du Front Uni pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (FUSAD) et du Comité de Réflexion et d’orientation Indépendant pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (CROISADE) a été libéré ce 11 Août 2009 par le Procureur de la République. Immédiatement après, il a été enlevé par les éléments de la garde républicaine sur ordre du Ministre de la Sécurité publique Albabé Abouba. Il a été transporté dans un véhicule 4X4 Pick Up qui a fait trois fois le trajet entre Niamey et la prison de Haute Sécurité de Koutoukalé située à quarante kilomètres de la capitale. La RADDHO rappelle que ces comportements sont assimilables à des actes inhumains et dégradants, car M. Amadou a subi des sévices corporels qui l’ont particulièrement affecté et qui ont nécessité l’intervention d’un médecin.
La RADDHO est également gravement préoccupée par la dégradation de la situation politique et institutionnelle du pays avec le projet de l’opposition nigérienne de rétablir l’Assemblée Nationale et de boycotter les prochaines élections législatives. On va de fait dans une situation où le pays sera ingouvernable avec les signes d’un emballement politique et les risques d’un véritable chaos politique et institutionnel. Cette situation n’est pas sans rapport avec l’échec du référendum du 4 aout à Niamey et à Maradi où les électeurs ont boudé les urnes.
La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) :
Condamne le harcèlement judiciaire dont Marou Amadou fait l’objet et le comportement scandaleux des forces de l’ordre ;
Exige la libération immédiate et sans condition de Marou Amadou ;
Accuse dans ce kidnapping le Ministre de la Sécurité Albadé Abouba, principal responsable de la situation ;
Exprime sa vive préoccupation face au silence des chefs d’Etats africains sur la dégradation de la situation politique et institutionnelle. A l’exception du Président nigérian, aucun Président n’a froncé le moindre sourcil par rapport à la menace que Tandjan fait peser sur la sécurité et la stabilité du Niger et de l’espace CEDEAO. Ni Jean Ping de l’Union Africaine, ni le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA , ni Mohamed Ibn Chambas de la CEDEAO n’ont condamné le coup d’état institutionnel du Président Mamadou Tandjan ;
Recommande la tenue immédiate d’un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO sur le Niger ;
Invite à la communauté internationale et particulièrement à l’Union Africaine, l’Union Européenne et surtout la France et aux USA à réagir proportionnellement à la gravité de la situation au Niger afin d’obliger Mamadou Tandjan à dialoguer avec l’opposition et la société civile afin de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger.
Fait à Dakar, le 11 Août 2009
Le Président
Alioune TINE