COMMUNIQUE PRELIMINAIRE 2ND TOUR DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE DU 28 NOVEMBRE 2010 EN COTE D’IVOIRE

Le 28 Novembre 2010, la population ivoirienne s’est rendue aux urnes pour prendre part au 2nd tour du scrutin présidentiel sur toute l’étendue du territoire national.

Les réseaux et coalitions d’organisations de la Société Civile ci après désignés : COFEMCI-REPC, COSOPCI, FOSCAO-CI, RAIDH, WANEP-CI, ont déployé 938 observateurs en Côte d’Ivoire et en France en vue de témoigner de la crédibilité du scrutin présidentiel.

Ces observateurs ont été déployé dans les bureaux de vote pendant le scrutin, et dans les lieux de centralisation des résultats.

L’administration de ces élections a été relativement bien exécutée.

POINTS CLES :

Des violences, des intimidations et des empêchements de vote sont à déplorer dans la plupart des régions de la Côte d’Ivoire, notamment au Nord, au Sud et en zone forestière ;

Les bureaux de vote étaient bien organisés mais le changement de certains présidents et secrétaires devant assurer le fonctionnement des dits bureaux à retardé le début du scrutin ;

La présence indiscrète des forces de l’ordre était de nature à intimider les électeurs ;

La confusion née du communiqué du Ministère de l’Intérieur et de celui de la Primature montre une absence de coordination et de suivi du processus au niveau du gouvernement ;

La courtoisie et le consensus autour des principes démocratiques ayant prévalu lors du face à face entre les deux candidats s’oppose diamétralement aux comportements des militants du LMP et du RHDP sur le terrain.

Dans l’ensemble, toutes ces irrégularités, ajoutées à la psychose provoquée par le couvre feu, ont rendu difficile le déroulement paisible du scrutin car les élections doivent être libres, justes et transparentes.

OBSERVATIONS GENERALES

Le succès qui a accompagné le 1er tour contraste avec le déroulement du 2nd tour qui est caractérisé par la psychose au sein des populations, l’empêchement de vote et les violences verbales et physiques.

Le couvre feu, institué par décret présidentiel n’a pas été respecté en zone Centre Nord Ouest.

LA CAMPAGNE Les organisations susmentionnées notent que la campagne a été emailée de violences verbales et physiques. En effet, en ce qui concerne les violences verbales, les affiches de campagne, les messages (sms et internet) envoyés de part et d’autres, ainsi que les propos des représentants des deux candidats véhiculaient des messages de violence, n’ayant aucun rapport avec les projets de société des candidats.

Quant aux violence physiques, nous avons déploré des affrontement entre les militants des deux candidats, notamment à Abobo, Yopougon, Adjamé , Cocody, Bayota et Daloa et une radicalisation des positions des différents candidats.

Les débats télévisés et radiophoniques des jeunes et des femmes diffusés ont véhiculé des propos incitatifs à la haine tribale et à la violence, rappelant le conflit de 2000 et le conflit militaro civil du 19 septembre de 2002; ceci s’est matérialisé par la diffusion deux (2) films par les deux états majors, LMP et RHDP.

Cependant, les organisations ont apprécié à leur juste valeur le face à face entre les deux

Candidats qui s’est déroulé dans une atmosphère apaisée et exemplaire.

LE SCRUTIN

L’existence d’un listing parallèle différent de celui de la CEI, détenu par les représentants de LMP a contribué à retarder le début du scrutin dans plusieurs localités.

Le délai de campagne n’a pas été respecté par les différents candidats, en occurrence à Bouaké, la Télévision « notre patrie » a continué de faire campagne pour le RHDP dans la journée du Samedi 27 novembre tandis que dans la Commune du Plateau, un groupe de jeunes gens a fait campagne pour LMP le jour du vote.

BAS SASSANDRA

Sassandra : cas d’intimidation et d’empêchement de vote dans la commune de Sago et à Dassieko (situé à 60 Km de Sassandra et 20 Km de Sago) ; la population Neyo s’attaque à certains éléments des forces de défense et de sécurité ce qui a entraîné la suspension du décompte des voix au niveau de la centralisation

Soubré : Vakayo (sous préfecture de Lilihio), affrontement entre malinké et autochtones ou 6 maisons d’autochtones brulées

VALLEE DU BANDAMA

Les observateurs, malgré le mandat et les badges en leur possession, ont été interdit d’accès à certains aux lieux de centralisation

18 MONTAGNE

Présence indiscrète des Forces de l’ordre

Disparition de 6 urnes (2 à Krikouna et 4 à Voungbé)

SAVANES

Ouverture des Bureaux de vote à 8H 30

Violence au sein des centres de vote (EPP SOBA)

Les militants de LMP sont victimes de violence physiques (battues) et d’intimidations (menaces)

Un véhicule brulé au quartier SOBA

Suite aux affrontements entre les militants des deux (2) camps, les forces de l’ordre déployées par le CCI ont été débordées

HAUT SASSANDRA

Retard dans l’ouverture des Bureaux de vote

Agression à Niboua, dans la localité de Daloa où les résultats de deux (2) bureaux de vote ont été annulés

Une urne arrachée par des jeunes gens non identifiés à la place publique de YAOKRO dans la sous préfecture de Daloa

ABOBO

Un véhicule de type 4X4 à bord duquel se trouvaient plus d’une quinzaine de jeunes gens habillés en noir, avec une inscription « votez dans la paix ». Ils ont sillonné différents centres et ont tenté de s’infiltrer dans le staff de sécurité du CCI mais ont été refoulé partout où ils sont passés.

KOUMASSI

Deux Présidents de bureau de vote ont été blessés à l’arme blanche par des éléments non identifiés, ce qui a entrainé un désordre obligeant le Général Philipe MANGOU à se rendre sur les lieux pour faciliter la reprise de la centralisation.

FRANCE : MARSEILLE

Suite aux violents incidents occasionnant la fermeture des bureaux de vote qui nous ont été rapporté, la CEI a décidé qu’il n’ait pas d’élection à Paris et à Marseille .

En général, les observateurs de ces organisations ont constaté qu’en dépit de ces incidents et violence, les agents électoraux ont rempli leur responsabilité de manière satisfaisante.

La plupart des bureaux de vote ont ouvert avec du retard (entre 7H 30 et 8H).

Le matériel essentiel au vote a connu du retard dans son acheminement. Les agents électoraux bénéficiaient d’un meilleur savoir faire par rapport au premier tour.

Les représentants des deux candidats étaient présents dans la plupart des bureaux de vote.

Néanmoins, par endroit, les forces de l’ordre étaient très visibles, toute chose qui a intimidé les électeurs.

Les représentants des deux candidats et les observateurs nationaux et internationaux étaient présents dans la plupart des bureaux de vote et ont permis une bonne couverture nationale.

DEPOUILLEMENT, RAMASSAGE ET CENTRALISATION DES RESULTATS ELECTORAUX

DEPOUILLEMENT

Du fait du couvre feu, le dépouillement s’est déroulé avec précipitation par les représentants, les scrutateurs et les membres des bureaux de vote.

Ce qui a occasionné la non signature des PV et l’abandon d’urnes par endroit, notamment à Abobo.

RAMASSAGE DES RESULTATS

Contrairement au 1er tour, le ramassage des urnes était mieux organisé et dirigé par l’ONUCI

CENTRALISATION

L’instauration du couvre feu a fortement perturbé le travail des agents électoraux et des observateurs nationaux à cause de l’absence des moyens de déplacement et la psychose liée au couvre feu

Les organisations sus citées comprennent aisément les difficultés dans lesquelles les agents de la Commission Electorale Indépendante devront travailler pour transmettre les résultats provisoires dans les délais impartis par le code électoral. Ce qui justifie qu’à la date du Lundi 29 Novembre à 14 Heures, aucune tendance n’est disponible.

RECOMMANDATIONS

Suite au couvre feu décrété par le Président de la République qui n’a pas été suivi sur toute l’entendue du territoire et à la psychose d’insécurité qui s’est emparée des populations, les organisations de la société civile sus citées recommandent :

L’allègement du couvre feu pour permettre aux populations de vaquer sereinement à leurs occupations

Aux deux candidats en l’occurrence M. Laurent GBAGBO et M. Alassane OUATARA de s’adresser solennellement à leurs militants en vue de les apaiser et de se désolidariser de ces actes de violences qui n’honorent pas la Côte d’Ivoire. Cela, conformément au code de bonne conduite des partis politiques et des candidats et aux engagements pris lors du face à face télévisé du Jeudi 25 Novembre 2010.

A la population de rester sereine et calme dans l’attente de la proclamation des résultats par la CEI

Au total, les organisations sus citées, relèvent que malgré quelques incidents localisés parfois violents, occasionnant des morts par endroits, le scrutin du 28 Novembre 2010 est globalement satisfaisant. En outre, elles affirment tout leur soutien à la CEI et l’encouragent à procéder à la proclamation des résultats. Elles félicitent l’ONUCI pour la logistique mise en place pour le convoiement des urnes.

Par ailleurs, elles appellent toutes les populations à faire confiance à la CEI et à se conformer aux résultats provisoires qu’elle proclamera.

Fait à Abidjan, le 29 Novembre 2010

Pour les réseaux, coalitions et organisations suivantes :

COFEMCI-REPC / Dr Marie Paule KODJO

COSOPCI / TRAORE Wodjo Fini – Conseiller Economique Et Social de l’UA

FOSCAO–CI / TRAORE KONE Nathalie

RAIDH / BAMBA Sindou

WANEP-CI / YOLI BI KONE Marguerite

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