DECLARATION DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE (OSC) IMPLIQUEES DANS LE PROCESSUS ELECTORAL

Le dimanche 2 Mai 2010 au journal télévisé de 20h de la première chaine de la télévision ivoirienne, le porte parole de la Primature, a lu un communiqué relatif à la reprise du contentieux sur la liste électorale provisoire signé du premier Ministre et du Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI)

I – Analyse du communiqué conjoint et du chronogramme sur la reprise du contentieux et de la liste électorale

Les organisations de la société civile, COSOPCI, FOSCAO, RAIDH et WANEP font l’analyse suivante :

Le communiqué conjoint comporte de nombreuses imprécisions sur le rôle des différents acteurs impliqués dans le processus électoral.

Il sous entend l’existence d’un nouveau mode opératoire non encore disponible

Il fait mention de l’arrêté no18/PM/CAB du 30 Avril 2010 qui institue la mise en place de 415 comités de réclamation composés de la CEI, de l’ONI, de l’INS, du CNSI et de Sagem en tant que observateurs auprès des Commissions Electorales Locales ( CEL)

Il mentionne également deux phases de contentieux qui devront aboutir à une liste électorale définitive

– une première phase de 10 jours sur la liste dite « grise » qui comporte 10033985 pétitionnaires

– une deuxième phase de 5 jours sur la liste dite « blanche » de 5277392 pétitionnaires

II – Observations

Les OSC, COSOPCI, FOSCAO, RAIDH et WANEP font les observations suivantes :

Les imprécisions dans le communiqué prêtent à interprétation au sein de la population et des acteurs de la société civile

un nouveau mode opératoire nécessite une vaste campagne de sensibilisation pour son appropriation par les populations. Or le chronogramme ne mentionne qu’une période de sensibilisation de 7 jours.

Les OSC sensées faire cette sensibilisation sont absentes du chronogramme et n’ont pas à leur disposition le mode opératoire contrairement aux promesses faites par le Président de la CEI lors de la rencontre avec les OSC le mercredi 21 Avril 2010 au siège de l’institution

La cohabitation des CEL et comités de réclamation présage des blocages si les conditions de fonctionnement ne sont pas clairement définies

La création de 415 nouveaux comités entraînera inexorablement des frais supplémentaires pour ce processus électoral déjà jugé exorbitant

L’implication trop accrue de la Primature dans le fonctionnement de la CEI met à mal l’indépendance et la crédibilité de l’institution

III – Les recommandations

Les OSC, COSOPCI, FOSCAO, RAIDH et WANEP font les recommandations suivantes à la Primature, à la CEI et à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral:

Informer de manière transparente et régulière sur le processus électoral l’opinion nationale et internationale afin d’éviter toute interprétation et d’apaiser les acteurs.

Faire précéder le démarrage du contentieux par une vaste campagne de sensibilisation de proximité sur une durée d’au moins 15 jours.

Communiquer de manière régulière avec les OSC qui sont les relais d’information auprès des populations

Définir clairement les attributions des 415 comités de réclamation pour éviter des conflits de compétences avec les CEL

Réaffirmer l’indépendance et l’impartialité de la CEI dans les faits et les actes pour rassurer tous les acteurs politiques et la population

Inclure la société civile dans le chronogramme des activités de la CEI

Les organisations exhortent les différents acteurs à promouvoir le dialogue, la cohésion et les valeurs démocratiques pour un processus électoral réussi et apaisé.

Nous remercions et encourageons tous les partenaires nationaux et internationaux pour leurs efforts dans la conduite du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

 

Fait à Abidjan le 4 Mai 2010

Ont signé

– Mme YOLI Bi Koné Marguerite, coordinatrice de WANEP-CI

– Mme TRAORE Nathalie, coordinatrice de FOSCAO

– M. TRAORE Wodjo, coordonnateur de la COSOPCI

– M. BAMBA Sindou, coordonnateur du RAIDH